25 janvier 2008

Ellis Island... à écouter



http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/surpris/index.php

Par Natacha Wolinski
Réalisation : Angélique Tibau

TEXTE DU SITE"Un nœud noir géant orne sa tête d’enfant. Elle vient d’Alsace, elle a de grands yeux clairs ouverts sur le monde. Il porte un bonnet de poil et des bottes de cuir. C’est un cosaque en transit, prêt à dégainer le sabre. Ses breloques autour du cou lui font un poitrail de reine : elle est grecque, sévèrement emmaillotée dans ses châles. Ils viennent des quatre coins du monde, ils ont fait un long voyage, ils sont aux portes de l’Amérique, dans cette antichambre qui se nomme Ellis Island.
Ils posent devant l’objectif d’un photographe amateur qui se nomme Augustus Frederick Sherman. De 1905 à 1920, cet employé administratif d’Ellis Island a photographié des centaines de migrants qui posent le plus souvent en costume national, fiers de leurs origines, exotiques, bientôt Américains. Ces portraits témoignent à la fois de la fascination de Sherman pour les nouveaux arrivants ainsi que des tensions xénophobes à l’œuvre à l’heure où l’image participait à la classification des races et des types...
Située face à la ville de New York dans l’Etat du New Jersey, Ellis Island, aujourd’hui devenue musée, reste le symbole de l’immigration américaine.
« L’île » comme l’écrivait Georges Perec « n’est pas un lieu “américain”, mais un lieu d’exil universel ». Entre 1892 à 1954, 12 millions de personnes ont transité par Ellis Island. Quelques uns ont posé devant l’objectif de Sherman. On ne sait rien d’eux. On ne sait pas davantage pourquoi Sherman a fait ces portraits. Souci de répertorier les migrants par race alors qu’un vif débat sur l’immigration agitait déjà l’Amérique?
Près de 70 photos d’Augustus Frederick Sherman ont été exposées ces derniers mois à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. L’exposition est terminée mais un catalogue remarquable, publié aux éditions Aperture, permet de découvrir le visage inquiet des migrants qui ont fait l’Amérique. Deux historiennes, Nancy Green et Marianne Amar, spécialistes de l’histoire de l’immigration, décrypte pour nous ces images qui font étrangement écho à des questions d’actualité dans notre pays. Voici donc la grande et les petites histoires d’Ellis Island, à l’heure où on parle en France d’ « immigration choisie ». "

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